Concertation et participation : quel apport du digital ?

 

C’est dans le cadre de l’événement « Journée concertation: la co-construction du projet urbain » organisé par La SCET & CADRE de VILLE le 28 mars dernier à la Maison de la Chimie (Paris), que j’ai eu le plaisir d’animer la table ronde « Concertation et participation, quel apport du digital ? »

Le digital a modifié substantiellement le rapport du citoyen à la chose publique. Alors que certains aménageurs craignent que ce « super citoyen » pouvant contester la démocratie représentative devienne un frein aux projets urbains, d’autres perçoivent la manière dont il peut être aussi un formidable accélérateur.

Quel est l’apport réel du digital aux processus de concertation existants ? Glisse-t-on de la concertation à la participation permanente ? La digitalisation des collectivités est-elle un premier pas vers de nouveaux modes de gouvernance publique ? Quelle éthique pour collecter la donnée, et qu’en faire ? Enfin dans ce nouveau paradigme, quelles sont les réactions des élus, les appréhensions des services et les attentes de la population ?

Un débat passionnant que j’ai eu le plaisir d’animer avec trois intervenants de choix : Renaud PROUVEUR (Président Directeur Général de SPALLIAN), Ari BRODACH (Responsable de la mission Budget participatif, Ville de Paris) et Julien MEYRIGNAC (Fondateur, Gérant du groupe CITADIA). Chacun des experts y a répondu, en exprimant sa vision des enjeux du digital, via ses propres retours d’expérience.

  • ♦ M. Renaud PROUVEUR a longuement insisté sur les enjeux de la démocratie numérique et présenté le logiciel  Tell my city, dont il est éditeur, déployé dans la ville d’Argenteuil. Une solution « prête à l’emploi » déployée dans 70 villes, qui permet une nouvelle dynamique de gouvernance, via des suggestions de service public, une approche permettant de signaler aussi bien le positif que le négatif, et une nouvelle relation dématérialisée. Il a tenu à adresser un message fort à Rue89 : « non, ces dispositifs ne sont pas réservés à des Bac+5/CSP++. La preuve est la participation à Argenteuil. ». Une ville qui a joué le jeu à fond, en communiquant sur la solution mais aussi ses résultats en toute transparence.

  • ♦ M. Ari BRODACH, coordinateur et responsable mission de la 3e édition du budget participatif de la ville de Paris (5% du budget global, soit 100 millions€/an), a rappelé le rôle du numérique essentiel, sous un aspect qu’on ne voit pas bien de prime abord. Avec 3000 à 5000 projets à instruire, 400 projets retenus et suivis, le numérique permet de changer d’échelle. Et le rôle du backoffice collaboratif est alors essentiel pour instruire les projets ; en effet 90% d’entre eux sont menés en interne, ce qui implique une conduite du changement, car les services sont amenés à être mis en oeuvre dans un plan de réaction à 3 mois. L’opération produit de la donnée, remise en OPENDATA. L’atelier parisien d’urbanisme (APURE) étudie ces données pour révéler ces aspirations des parisiens sur l’espace public (« Des abris pour les personnes sans abris » : 1er projet voté – catégories solidarités – 100.00 votants dont la moitié par papier – 170 points de vote – un vrai appétit).
    • ♥ Tout est numérique ET physique : pas l’un ou l’autre mais en bonne articulation ; en phase d’émergence, de co-construction ou de vote, cela permet une dynamique sociale structurante
    • ♥ Question de la transparence sur la vie du projet (état d’avancement du projet / acceptation ou refus du projet // statut du projet jusqu’au vote) => essentiel dans ce climat de défiance
    • ♥ Les limites du numérique ? Il faut que le projet sorte… plein de micro projets à mettre en œuvre qui invitent au décloisonnement.
    • ♥ Oblige à une autre manière de travailler // effort qui pèse sur qq directions : voirie et propreté et environnement (mobilités douces, végétalisation, circulation, solidarités)
    • ♥ Suivi de projet  : il faut agir en médiation sur ce qui bloque ; cet accompagnement implique un changement culturel assez lourd.
    • ♥ L’enjeu de l’interfaçage des données : comment les faire redescendre dans, Lutèce, le système de la DSI de la ville ?

  • ♦ Enfin M. Julien MEYRIGNAC (Fondateur, Gérant du groupe CITADIA, un groupe national de conseil en urbanisme et développement territorial) est revenu sur les fondamentaux de la concertation. Quelles sont ses différentes formes et modailités ? Comment on bascule de la concertation à la participation. Des techniques traditionnelles actuelles au futures « wiki cities », il s’est intéressé à l’impact du numérique sur le service public. Il a rappelé que le digital est un moyen, pas une fin, ce qui pourrait sembler un truisme, mais nécessite plus que jamais d’être répété. Enfin, il a fini par le constat que le digital lui semblait aujourd’hui encore trop sous-exploité en matière de projets urbains… Entre autres, il nous a présenté la mise en application très pratique de ses valeurs et méthodes dans le projet « Réinventer le centre-ville de Châlons-en-Champagne » : de la participation IRL et en ligne, du gaming, de la créativité, le tout saupoudré d’innovation.

 

 

Retrouvez toute la synthèse des slides présentés ici.

 

 

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