22 conseils pour optimiser votre rédaction sur le web et les réseaux sociaux

Les fidèles lecteurs se souviendront peut-être de mes « 10 conseils pour optimiser votre rédaction web », publiés en 2018. Ce nouveau billet en est la prolongation, avec l’ajout d’un volet sur les réseaux sociaux, et de 12 conseils de plus… pour bien démarrer 2022 ! Vous pouvez les picorer ou les (re)lire d’une traite, en diagonale ou en profondeur… Quoi qu’il en soit, vous les retrouverez dans « Le guide de la communication publique numérique », à paraître chez Territorial, co-écrit avec Benjamin Teitgen.

11 conseils pour optimiser votre rédaction sur le web

Écrire pour le web est un art qui demande de la créativité, un peu de technique et beaucoup de pratique. Dans le secteur public, l’enjeu est à la fois stratégique et politique. Si la fonction de rédaction a pris de l’envergure, avec la place prépondérante d’internet dans la pénétration des foyers, le jargon administratif reste un “mal français”, comme le nomme Le Figaro. «Source de lenteur et frustrations, le jargon administratif plonge les citoyens dans des abîmes de perplexité» pointe le quotidien, en illustrant d’exemples qui ne manquent pas de piquant. Force est de reconnaître que l’administration use et abuse des acronymes : PDU, PLU, PLH, CLSPD, HQE, etc. Il peut s’agir aussi d’expression caractéristiques en interne que les usagers comprennent de travers. Exemple : les gens vont-ils au travail en vélo ou en “mobilité douce” ? Par exemple, à Rennes, lors des ateliers UX de refonte web, 90% des participants comprenaient la mobilité comme étant la politique de déploiement de la 4G ou du wifi public… C’est dans ces termes du quotidien que se crée la réelle fracture entre l’administration et la population.

Sur le web et les réseaux sociaux, l’enjeu sera donc de se débarrasser de tout ce jargon et d’appliquer des règles propres à chaque canal, au risque de jeter des pavés dans la mare. Des règles qui découlent de l’étude de notre cerveau : on n’écrit pas sur le web comme sur papier, tout simplement parce qu’on ne lit pas de la même manière. Alors, comment mieux toucher vos cibles, redonner du sens, mettre en relief vos messages, et continuer d’exercer vos missions de service public dans un contexte où marques, médias et institutions publiques jouent désormais à armes égales pour gagner cette fameuse bataille de l’attention ? Loin de se vouloir exhaustifs, ni de remplacer une formation, ce rappel des fondamentaux consolidera vos savoirs ou vous donnera des idées pour tenter de nouvelles choses.


1
Pour être intéressant, intéressez-vous aux autres

Comme le démontre Eric Camel « il est désormais acquis que le volume d’informations auquel est soumis l’individu est largement supérieur à ses ressources attentionnelles ». L’infobésité, la sollicitation permanente de notre cerveau dans des flux incessants, les “30 secondes de pause smartphone” : c’est le contexte dans lequel vous serez lu. Cela frôle le truisme mais, pour écrire un article intéressant, il va falloir intéresser votre audience. Et intéresser son audience, c’est d’abord s’intéresser à elle.

Dans les collectivités locales, il s’agit notamment de répondre aux besoins de l’internaute usager et l’internaute citoyen, chacun ayant des attentes spécifiques. Souvent, l’internaute usager sera en recherche d’informations et d’indications lui permettant de mieux vivre dans son environnement ou de mieux accéder aux services publics (comment accéder à la déchetterie ? comment inscrire mon enfant à la cantine ?, etc.), tandis que l’internaute citoyen pourra quant à lui se trouver dans une démarche de recherche d’informations sur les projets de la collectivité, sur son fonctionnement, sur les motivations et objectifs des politiques publiques, etc. Bref, l’internaute usager veut savoir « comment » et l’internaute citoyen veut savoir « pourquoi ». Pour satisfaire ces deux attentes, qui peuvent émaner d’une seule et même personne il faut « angler » vos articles en fonction d’objectifs précis.

Adaptez-vous ensuite aux cibles. Diriez-vous la même chose de votre actualité, et de la même manière, à un jeune au collège, une personne âgée, un chef d’entreprise ou une maman que vous croiseriez dans la rue ? Non et sur le web c’est pareil : si l’on parle tout le temps de la même façon à tout ce beau monde appelé “citoyens” ou “administrés” sans distinction, on n’intéressera personne. Contenter la diversité des cibles d’une structure publique ou territoriale nécessite une offre éditoriale forte avec des approches “user centric” variées. Pour viser juste, commencez donc par définir chacune de vos cibles et faire preuve de recherches et d’empathie pour mieux la connaître.

Qui est-elle ?
Que dit-elle ? Qu’aime t-elle ?
Quelles sont ses valeurs ? Que dit son vécu ?
Quel est son schéma de pensée ? Ses références culturelles ? Son univers ?
Pourquoi se rend-elle sur le site ? Comment lui rendre un réel service ?
De quelles informations à forte valeur ajoutée a-t-elle besoin ?

En marketing, on utilise la technique bien connue des personas, qui sont des personnages imaginaires représentant chaque cible particulière : l’intérêt est de les doter d’un prénom, de caractéristiques psychologiques et socio-professionnelles. On ne peut que conseiller de s’appuyer sur cette méthode pour vos rédactions d’articles. L’objectif est d’employer un ton en adéquation avec vos cibles principales. Pensez à vos personas pendant chaque rédaction pour vous assurer que vous leur apportez une information utile et que le message perçu est bien celui que vous voulez transmettre.

Que ce soit à Rennes, Reims, Bordeaux Métropole ou ailleurs, l’UX (“expérience utilisateur”) semble (enfin) entré dans les moeurs du secteur public pour les refontes de sites internet. Ces ateliers réunissant un panel de citoyens permettent d’obtenir des idées pour la conception du site, de prioriser les fonctionnalités, ou encore de faire évoluer un design en mettant l’utilisateur au coeur. Certains poussent la logique jusqu’à associer les habitants dans la construction de leur plan éditorial. Qu’est-ce qui intéresse un jeune de 18 ans de votre mairie,  département ou communauté d’agglomération ? Si vous ne savez pas, il reste un moyen simple : lui demander… Vous pouvez organiser des ateliers, convoquer un panel, et les réseaux sociaux sont des outils formidables pour cela : il est en outre démontré que poser des questions plutôt que de donner des réponses permet de capter l’attention du public.


2
Maîtrisez les codes de l’écriture web, puis cassez-les

Qu’on se le dise : copier-coller un article du magazine sur le web, comme certains ont parfois été contraints de faire, ou penser que mettre son journal en ligne suffit pour qu’il soit lu en entier n’est que folie. On n’écrit pas pour le web comme dans un journal pour plusieurs raisons. La première, fondamentale, est qu’on ne lit pas de la même manière sur écran que papier.

C’est d’abord une question de scintillement : sur écran, on lit en moyenne 25% moins vite que sur papier, et moins longtemps. Notre lecture est également en diagonale à 80%, contre 20% de mot à mot.

Et je dis bien “mot à mot”, pas “lettre par lettre”, car  notre cerveau les scanne pour recréer le mot. Vous connaissez sûrement ce petit test de lecture où l’on inverse complètement l’ordre des lettres de chaque mot, en gardant simplement la première et la dernière. Notre cerveau n’y voit (quasiment) que du feu et décrypte parfaitement. Notre oeil va donc d’abord “scanner” l’article, ce qui implique de :

✅ Bien segmenter les paragraphes
✅ Faciliter le « scan » en mettant les mots importants en gras et en multipliant les sous-titres ; de manière bien plus scolaire que dans la presse écrite, où l’habillage rédactionnel remplit d’autres fonctions
✅ Découper les articles en plusieurs sections ou pages courtes.

D’une manière générale, si l’on préconise de faire court, c’est pour s’adapter à nos écrans, de plus en plus petits : les Français sont “mobile first” depuis 2016 et la courbe n’est pas prête de s’inverser. Mais c’est dû aussi à notre capacité de mémorisation limitée : en effet, 15 à 20 mots correspondent à l’empan de la mémoire, soit notre capacité moyenne de mémorisation immédiate des informations. Hors de question que vos publics retiennent cette petite vingtaine mots “au hasard” en passant à côté de ce qui est important : c’est donc à vous de “flécher” le message essentiel qui doit être mémorisé et celui-ci doit se retrouver dans vos “premiers niveaux” que sont le titre et le chapeau. Toutefois, c’est l’amorce qui doit être courte : les contenus longs ont en effet (encore) toute lors place, dès lors qu’on a expliqué leur intérêt. Cet article n’en est-il pas la preuve ?

Comme on l’a vu, toutes les lois de l’écriture web découlent de l’observance des usages et du fonctionnement de notre cerveau. Retenez donc cette règle fondamentale : on n’écrit pas pour le web comme pour un magazine, car on ne lit pas sur internet comme une feuille de papier ! Pour aller plus loin, certaines approches UX (“expérience utilisateur”) poussées équipent les utilisateurs de logiciels de “eye tracking” : c’est de leur étude que découlent les grands principes ergonomiques du webdesign mais aussi de l’écriture web. Par exemple et à votre avis, pourquoi le panier d’achat sera-t-il toujours en haut à droite et non en bas à gauche ? Tout simplement parce qu’il est situé sur la zone la plus chaude de l’écran quand notre oeil le balaye. Il faut savoir que l’oeil humain fait un mouvement en “Z”, lorsqu’il lit sur une feuille de papier. Alors que sur écran, il fait une oscillation en “F” : de manière rapide et souvent inconsciente, il balaye le titre, descend jusqu’en bas pour jauger la longueur de l’article et revient au niveau du chapeau… dont 80% des visiteurs n’ira pas au-delà. D’où l’intérêt d’indiquer le temps de lecture d’un article, comme le fait automatiquement la plateforme de blogs Medium, ou d’accompagner sa lecture d’une jauge de progression, comme, en bas de page, chez Numerama ou, en haut, sur ce blog (“Quoi, il reste encore tout ça à lire ? Hé bien je vais reprendre des frites…”)

De cette observance, découlent de fameuses règles de l’écriture web, qui sont à connaître – et surtout mettre en pratique :

✅ La “pyramide inversée”, qui demande d’aller du plus récent, immédiat, important au plus lointain ou accessoire : puisque 80% des internautes n’iront pas au-delà du premier paragraphe ou de la ligne de flottaison, il est important de délivrer dès le début tout le message essentiel. Finalement, rien de nouveau sous le soleil depuis la célèbre phrase de Françoise Giroud “Ce n’est pas la peine d’avoir du talent à la cinquième ligne si le lecteur ne dépasse pas la troisième
La règle des 5W (Who What When Where Why), parfois des 7W (si l’on complique en ajoutant How et How much) ou encore, en français dans le texte, la méthode QQOQP (Qui Quoi Où Quand Pourquoi) qui liste les questions auxquelles doivent répondre vos titres et chapeaux pour être sûr de faire le tour d’une problématique ;
✅ La
méthode Champagne, qui consiste à structurer l’information de manière à rythmer l’article et relancer l’attention du lecteur, toutes les 20 lignes environ, notamment par une illustration, dont le texte juste après celle-ci sera plus lu…

Si (et seulement si) vous maîtrisez déjà tout ça sur le bout des ongles, il peut être intéressant, pour rompre votre « routine éditoriale » de vous en affranchir de temps en temps, pour casser le rythme ou les codes. L’imposture étant peut-être de parler encore d’une “écriture web”, alors qu’elle varie considérablement en fonction des formats d’articles et qu’elle est surtout multicanale : car on n’écrit pas sur un site internet comme un blog, ni une page Facebook, Wikipedia ou un compte Twitter…


3
Passez de rédacteur à « JRI du web »

Évolution profonde de son métier : le rédacteur web est passé de “e-gratte-papier” à “JRI (journaliste reporter d’images) du web”. Le journaliste, territorial ou pas, est devenu mobile. Lorsqu’il couvre un événement, il produit du texte, des photos, des vidéos, du live…  Et il sait, lorsqu’il rédige, que le “rich media” est devenu stratégique pour gagner cette fichue bataille de l’attention, améliorer la compréhension des internautes et apporter une dimension supplémentaire au propos.

Le rédacteur web doit donc produire ou choisir avec soin des images, des vidéos, des infographies, des graphiques, des schémas, des modules interactifs,  etc… de bonne qualité, adaptés au web, qui ont du relief et amènent du sens. La prochaine fois qu’il faudra mettre en ligne cet horrible tract de l’association locale, dont la typo abime l’oeil, parce que “vous n’avez rien d’autre sous la main” demandez-vous : puis-je récupérer simplement le visuel ? n’y a-t-il rien sur le sujet dans ma photothèque ? dans mes banques d’images (il y en a de nombreuses gratuites ici, ici, ou encore ici) ? ne puis-je pas faire mieux avec mon smartphone ? Bref, refusez de céder à la facilité, c’est important.

Tout l’enjeu n’est plus de vous demander “quel visuel pour cet article ?” mais “quel message vais-je faire passer avec telle photo ou telle vidéo ?”. Et si vous hésitez entre deux à l’esthétisme égal, posez-vous les bonnes questions. Quelle information apporte-t-elle au texte ? Quelle émotion suscite-t-elle ? Quel est son message politique ? Qu’en retiendra-t-on ?

Si ce sujet est déjà prévu ou traité dans le magazine, efforcez-vous de trouver un angle différenciant ou d’insister sur la valeur ajoutée du web : vidéo, série de photos, compléments en temps réel, ajouts de contenus sur les réseaux sociaux… Le rédacteur web ne peut travailler en silo et doit inventer les passerelles, du magazine aux réseaux sociaux, pour passer d’une galaxie d’outils à un écosystème éditorial efficace et cohérent.

La photo reste l’élément le plus fréquemment partagé sur toutes les pages que j’analyse. Ou l’image. Là encore, la science le démontre : notre cerveau est friand d’infographies. Elles l’aident à mieux retenir des chiffres, assimiler un concept, synthétiser. Pas besoin d’être un as de Photoshop ni la peine de déranger un graphiste pour chacune, il existe plein d’outils gratuits pour les réaliser

Mais le contenu vidéo talonne la photo de peu et s’il y en a de plus en plus, c’est que le public en est friand et que les conditions techniques (terminaux, réseaux, débit) sont enfin réunies pour bien le visionner. Alors, il peut y avoir d’importantes productions, via des partenariats externes comme Rennes Métropole, Clear Channel et Brut. Et d’autres réalisées par des professionnels ou réalisées en interne, qui ont de grands succès. Mais globalement, c’est fini le temps où il fallait obligatoirement de gros budgets ou services audiovisuels pour produire des vidéos. Avec un QRCode (qui renaît de ses cendres depuis la crise sanitaire, comme l’explique Marc Cervennansky), on peut proposer l’interview vidéo du “portrait du mois” dans le magazine, à coût zéro.

Sur Youtube, deuxième moteur de recherche le plus utilisé, et première “télé” dans le monde, ce sont plus de 5 milliard de vidéos qui sont visionnées chaque jour. Et la majorité des “stars” qui y cumulent des millions de vues (Youtubeurs) sont des adolescents se filmant dans leur chambre avec leur smartphone. Vous n’avez donc plus d’excuse. Ne jamais produire de vidéo parce qu’il n’y a “ni service audiovisuel, ni budget pour”, c’est fini. C’est au contraire, si vous êtes dans cette situation, l’occasion de vous jeter à l’eau… avec votre smartphone (de fonction) et quelques applis (gratuites). Le public ne recherche pas “une qualité TV” mais du “vrai” ; une étude en partenariat avec l’Observatoire socialmedia des territoires a d’ailleurs démontré que les premiers vidéastes dans les collectivités sont les responsables de communication eux-mêmes.

Quoi qu’il en soit, avant de pondre la première ligne de chaque article, demandez-vous quel seront les « contenus enrichis » qui viendront appuyer le texte : une photo ? une vidéo ? un reportage ? un dessin ? une infographie ? une cartographie ? une animation ? du motion design ? une production participative ? de la dataviz ? des contenus issus des réseaux sociaux ?


4
Soyez percutants

Au milieu d’un texte long, comme je le fais à présent, cassez le rythme et faites court. Sinon soyez percutants dès le début : souvenez-vous que l’internaute, dont l’oeil sélectionne (in)consciemment ce qu’il va lire parmi des milliers de sollicitations, n’aura qu’une demi seconde pour décider si votre article mérite d’être lu. Les titre, accroche et photo sont du travail d’orfèvre.


5
Soignez vos titres

Cinq fois plus lu que les autres éléments, le titre constitue pour beaucoup d’internautes, notamment ceux qui vous trouvent sur Google, une porte d’entrée quasi unique vers vos contenus. Une majorité d’internautes partagera même votre article sur les réseaux sociaux, en n’ayant lu que son titre ! Oui, je partage ici votre déception d’auteur. Toutefois, on comprend l’intérêt de le soigner pour qu’il soit à la fois informatif et incitatif. Toutes les règles énoncées précédemment, des 5W au fait d’être percutant, s’appliquent. On dit même que le titre doit être… une gifle. Mais il y en a beaucoup d’autres.

Le titre doit encore être suffisamment court (60-70 signes) et incitatif pour être partagé sur les réseaux sociaux. C’est l’élément qui a le plus d’impact SEO. Il doit donc contenir tous les bons mots-clefs pour être bien référencé, en connaissance de sa “liste de longue traîne” (voir conseil n°9) et en commençant par les plus importants. Il doit avoir une signification autonome, être explicite et conforme au sujet (éthique du communicant public vs tromperie des sites “putaclic”). D’ailleurs Google est très strict et si votre titre joue la sur fausse promesse ou la tromperie, il pourra vous déclasser à la 58e page des résultats… Bonne chance pour en ressortir vivant !  

Bref, essayez de répondre à tous les critères et vous verrez que réussir un titre est un art. Toutefois détendez-vous : un titre, ça peut toujours se modifier. Les grands médias le font régulièrement – et on le découvre parfois en comparant le titre affiché Vs le texte dans l’URL – qui contient le titre initial. Enfin, sur le web, le titre est un élément vivant : pour un “événement en live”, pour de la communication de crise, il est d’usage de le changer régulièrement au fur et à mesure que l’actualité évolue. Vu son importance toute particulière, je n’ai qu’un dernier conseil à vous donner : l’écrire en dernier.


6
Variez les formats

Sur un site internet, on peut (doit) varier les sujets, les angles de vue, les médias (photos, vidéos, etc. voir conseil n°3) mais aussi les formats. L’objectif est double : d’abord vous adapter au terminal dans lequel on vous lit. Pour simplifier, on dira qu’un article doit faire en moyenne un ou deux feuillets de 1500 signes sur ordinateur, 800 sur tablette et 400 sur desktop. Ce sont des grandes généralités, tout dépend bien sûr de leur calibrage dans votre charte rédactionnelle. Mais dans une optique résolument “user centric”, certains CMS ont trois champs : l’un pour desktop, l’autre pour tablette et le dernier pour mobile. Il faudra donc, sur ces plateformes, l’écrire trois fois. Même si votre site n’est pas calibré de la sorte, faites le test : c’est un très bon exercice.

S’adapter à toutes les envies, comme faire preuve d’originalité, c’est aussi diversifier les formats de contenus proposés. Non, vous n’êtes pas obligés de faire court, sinon la police d’internet m’aurait déjà arrêté pour cet article 🙂 Toutefois ne proposer aucun contenu court serait fortement pénalisant à l’heure du “snack content” (traduisez : petits contenus à picorer pendant la pause ou l’apéro) et du “pic speech”. C’est notamment pourquoi de nombreux sites affichent aujourd’hui un “social wall” permettant de consommer une information par simple légende et photo, si notre cerveau estime qu’il n’a pas de temps pour une lecture d’article… C’est encore pourquoi Le Monde a sorti sa superbe application La Matinale, sorte de Tinder de l’info.

Enfin, varier, c’est aussi se demander si l’article est le seul moyen adapté à votre message. Il y a d’autres formats de contenus extrêmements intéressants à explorer : infographies, vidéos, Motion Design, Slideshares, graphiques, livres blancs, réseaux sociaux etc. Vous avez l’embarras du choix, abusez-en.


7
Soyez sobre !

La sobriété éditoriale, c’est adapter les textes au web, et arrêter de noyer votre site web d’articles qui seront très peu lus et feront perdre de vue l’essentiel. C’est faire moins et mieux. C’est réduire la charge *mentale des lecteurs et la charge de travail des rédacteurs. Cela s’inscrit dans une démarche souvent également appelée “slow content”, mais surtout de communication raisonnée et responsable. C’est aussi une volonté stratégique forte, comme lorsque le site de Rennes est passé de 5.000 à 500 pages. Face à l’infobésité, la méthode permet de se concentrer sur les besoins en information des internautes afin de réduire les publications superflues. Elle tend à répondre à leur demande de la manière la plus efficace possible afin de solliciter le moins de ressources et de données possibles. Le temps gagné pour les rédacteurs permet de publier du contenu utile et de plus grande qualité (éthique, vérifié). Si vous cherchez des ressources sur le sujet, le site sobriete-editoriale.fr en regorge ! 


8
Soyez social

Puisque, vous le savez désormais, les réseaux sociaux ne mourront pas de sitôt, il serait temps que tous les rédacteurs s’y intéressent, même lorsque la fonction de community management est confiée à un(e) autre. Notamment parce que c’est le lieu où vous serez en prise directe avec vos publics, avec pour objectif (cf. conseil n°1) de mieux les connaître pour mieux comprendre leurs attentes. Retour sur investissement garanti, en vous nourrissant des réactions à vos articles, même si parfois les pires commentaires côtoient les meilleurs. Mais il suffit de trier le grain de l’ivraie et d’être (pré)paré à entrer dans l’arène, pour savoir faire fi des indélicats, et en tirer une mine d’or en termes de veille, de sourcing, d’idées de sujets… Sans parler du Saint Graal, le contenu généré par les utilisateurs (UGC), consistant à co-produire des articles avec vos publics, en les y associant pleinement. 

C’est bon aussi pour vos stats : la part de la provenance des visiteurs via les réseaux sociaux devient de plus en plus importante, pour les collectivités locales, sur certains sujets ; cela peut parfois atteindre entre 40 et 50%. Alors, au lieu de leur tourner le dos, faites en bon usage ! Partagez, relayez et faites promouvoir vos contenus de toutes les manières possibles, sur tous vos réseaux et encore plus sur ceux où se trouve votre cible. Si vous avez produit une vidéo, uploadez-la sur Facebook, pour la viralité, et Youtube, pour l’intégrer dans vos articles ; mais bannissez cette « webTV maison » qu’un prestataire vous a vendu très cher. Si elle est trop longue, faites-en une version courte, sous forme d’accroche… ou un GIF ! Lorsque les fonctions sont séparées, une collaboration stratégique est à établir entre le community manager et le rédacteur de l’article et, vous verrez, la discussion tournera souvent autour des formats.

Facebook à lui seul représente plus de 1.15 milliards d’actifs chaque jour. Bien sûr, vous ne toucherez jamais ces milliards de personnes ni les 33 millions de Français. Ceci dit, la portée de votre contenu peut tout d’un coup, grâce aux médias sociaux, être bien plus forte que votre nombre d’abonnés et faire même exploser le compteur. Alors ne les oubliez pas et intégrez le “SMO” (social media optimisation) dans votre rédaction : aussi bien en soignant la taille des titres (cf conseil n°6), qu’en positionnant correctement vos visuels, et en incitant au partage, où à la participation, par exemple via une question ouverte en fin d’article. Vérifiez donc comment apparaîtra votre article, une fois que vos lecteurs auront cliqué sur les boutons de partages : le titre est-il à la fois court, explicite, informatif et incitatif ? Est-ce bien la bonne image qui est proposée automatiquement ?


9
Racontez des histoires, pas des salades !

C’est la science qui le dit : il faut toujours “raconter des histoires” pour faire passer un message car notre cerveau adore ! Oui, il faut savoir que les histoires produisent chez nous des hormones de stress et d’empathie, qui augmentent notre capacité d’attention ; l’une dite cortisol, pour le stress, et l’ocytocine, fameuse hormone de l’amour, du bien-être et de l’empathie.

On parle bien ici du storytelling, qu’on a tendance parfois à présenter comme une discipline nouvelle, alors que c’est un art qui remonte à la nuit des temps. Je vous renvoie pour cela au petit ouvrage de Jean-Claude Carrière “Raconter une histoire”, que j’avais dévoré pendant mes études d’audiovisuel, et qui reste un de mes livres de chevet. On y apprend notamment que les (ra)conteurs d’histoire d’aujourd’hui sont les héritiers d’une vieille famille, qui a commencé au coin du feu par l’oralité. Et que cet art est une nécessité sociale absolue. « Les peuples ont besoin de se raconter leurs histoires, aujourd’hui comme hier. Savons-nous encore répondre à ce besoin ? »

Raconter une histoire, c’est partager des émotions, transmettre des valeurs d’un individu à un autre, inviter à découvrir un univers. C’est choisir un point de vue narratif pour capter immédiatement notre attention en plantant le décor, puis nous mettre progressivement en condition pour être en capacité d’aborder un dossier plus théorique, nécessitant d’ingérer masse d’informations. C’est, par exemple, raconter l’histoire de la petite Léa, qui fait son cartable un jour de rentrée scolaire, avant d’ouvrir sur des informations plus générales concernant l’état des établissements scolaires sur le territoire. Dans ce cas, le pari est réussi, parce qu’on est tout de suite captivé et transporté dans l’univers de l’enfant, avant d’aborder un volet plus complexe sur l’enseignement, le rôle de la collectivité…

C’est évidemment un format à tenter sur certains “dossiers”, pas à systématiser. Mais l’avez-vous suffisamment exploité sur tous les sujets qui sont les vôtres ? Les territoires ont un passé et un présent riches de sens et, contrairement aux marques, de vraies histoires à raconter. Ce sont des mines d’or à exploiter, comme nous l’explique Marc Thébault dans ce podcast.

Pour renforcer l’expérience et faire réellement “vivre l’histoire” sur le web, il existe des outils gratuits, comme Social Shorthand, utilisé avec brio par Rennes Métropole, permettant une immersion à effet garanti, par la force des visuels, des vidéos, de l’affichage dynamique ou encore des effets de parallaxe. Du rich media pur. Je vous invite à (re)voir “Il était une fois un dimanche à Rennes” pour en découvrir tout le potentiel.


10
Positionnez les bons mots-clefs

Savez vous à quel point bien définir vos mots clés est important ? C’est en fonction de ces mots-clés que Google vous positionne sur les pages de résultats de recherches. Vous devez choisir et sélectionner vos mot clés avec soin, sans ça votre audience ne sera pas ciblée et vous ne serez pas correctement référencé.

Le but est de réfléchir à « que devrait taper un visiteur sur son moteur de recherche pour trouver mon article ? » ou encore « quel type de requête les internautes-t-ils tapent lorsqu’ils cherchent mon type de contenu ? » Attention, sachant que 50% des internautes se limitent aux 3 premiers résultats sur Google, l’objectif est donc d’apparaître sur le podium des résultats pour exister. Faites le test pour comprendre que se positionner sur les mots clés les plus recherchés ne fonctionnera pas. Même si le votre est formidable, peu de chance d’apparaître premier sur “vide grenier”. Vous aurez donc du mal à gagner en visibilité sur ceux où la concurrence est forte, phénomène renforcé avec l’arrivée de la recherche vocale. Il est donc plus judicieux de vous positionner sur des mots-clés moins génériques – et c’est là qu’intervient la (fameuse) longue traîne. Il s’agit de faire un choix de mots moins évidents qui, du fait de leur faible utilisation par les internautes, seront moins concurrentiels. En l’occurrence l’objectif sera plutôt d’être positionné sur les mots clefs “vide-grenier” + “le_nom_de_votre_ville” ou autre élément d’appellation locale.

Pour les trouver, une astuce simple : tapez un mot clé sur Google et rendez-vous en bas de page pour prendre connaissance des “recherches associées” proposées par Google. Ces propositions sont des expressions de longues traines vous permettant de vous positionner, sur des recherches plus précises.

https://www.slideshare.net/slideshow/embed_code/key/hGs8IP98hp4Y4I
Quelle stratégie éditoriale pour booster votre performance SEO ?  par Search Foresight


11
Apprenez à « écrire SEO »

Si on finissait par l’élément le plus complexe ? L’aspect purement technique de l’optimisation de contenu : savoir écrire pour être naturellement référencé par les moteurs de recherche… Enfin disons-le tout de suite: par Google, qui possède 95% du marché en France. Mais c’est valable aussi pour deux outsiders français qui « respectent votre vie privée » : Qwant ou Lilo, « qui finance des projets sociaux et environnementaux ».

Optimiser son référencement, c’est bien sûr s’assurer que son contenant (on parle ici du CMS) fait le job, mais j’aborderai la question technique des sites internet une prochaine fois. C’est surtout, pour le rédacteur, vérifier que son article possède tous les must-have SEO, dont Google est friand : balises Hn, strong, title, meta, alt, URL … Rassurez- vous nous n’allons pas parler trop technique ni analyser les 250 algorithmes de Google, modifiés jusqu’à 400 fois par an ; seulement rappeler quelques principes fondamentaux. En ce qui concerne les balises, il en existe plusieurs. Notamment:

✅La balise title, qui est le titre de votre page tel qu’il apparaît sur les résultats de recherches de Google et ses alter egos. Pour rappel de son importance, je vous renvoie au conseil n°5.
✅Les balises Hn, qui sont en fait les titres et sous-titres présents dans vos contenus :

✅H1 = titre principal du contenu
✅H2 = sous-titres
✅H3 = sous sous-titres etc.

Ces balises sont importantes, car elles ont du poids pour les moteurs de recherche et permettent de structurer votre texte tant pour les internautes que pour Google. Il s’agit bien d’en faciliter la lecture aussi bien pour l’oeil humain que celui du robot.
✅Les balises strong sont les caractères mis en gras dans votre texte. Elles aussi ont un poids plus important. Utilisez les pour mettre en avant les mots et expressions importants.
✅Les balises alt sont des textes alternatifs d’images et de visuels sur internet. Non seulement les moteurs de recherche ne peuvent pas encore voir nos images comme nous le pouvons, mais les aveugles ou personnes déficientes visuelles non plus ! C’est pourquoi les renseigner est indispensable si l’on veut améliorer son référencement tout autant que respecter l’obligation d’accessibilité imposée aux collectivités locales (référentiel RGGA). C’est l’un des premiers critères d’éthique analysés par Responsiweb, l’instrument d’analyse éco-responsable des sites publics lancé par l’Observatoire socialmedia des territoires.

Ensuite il y a la meta description. Pour rappel, ces meta descriptions sont des textes apparaissant sous vos balises title dans les résultats de recherche. Elles doivent donc, elles aussi, être courtes (155 caractères), attractives et inciter l’internaute à cliquer sur votre lien. 

D’autres réflexes à prendre, encore. D’abord, il est important de bien renommer vos fichiers image. Mettez des mots clefs dans les noms de vos images, et pas des « IMG450.png »… Ensuite, soignez vos URL. Même si une génération automatique est proposée, on peut les retravailler pour les rendre compréhensibles et pas trop longues. Alors, raccourcissez vos URL, évitez les accents ou majuscules pour faciliter aux internautes leur lecture et insérez-y des mots clés. À savoir que chacune de vos balises, metas et URL doivent contenir au moins un mot clé pour une bonne optimisation de vos pages et contenus. Bref, n’oubliez pas vos (b)alises !

Enfin, l’un des plus gros leviers du référencement n’a strictement rien de technique : il est lié au nombre de liens (de sites d’autorité) qui pointent vers votre site web. Pour chaque article important, demandez-vous si la presse, vos partenaires, les structures du territoire, ou encore des blogueurs ne seraient pas intéressés de relayer l’information. C’est l’essence-même de la toile : tisser des liens. NB : les conseils 10 et 11 ont été co-écrit avec Stanislas Almeida, co-fondateur d’Orson.io.

En guise de transition

11 conseils pour les médias sociaux

Tout d’abord il est important de préciser qu’à part les deux derniers conseils (mots clefs et SEO), propres au référencement, tous les précédents s’appliquent également aux réseaux sociaux. Mais il y a encore des codes complémentaires, qu’il convient de maîtriser, ce qui complique la donne, si l’on est novice et qu’on n’a pas acquis cette nouvelle culture. Comme ce sont les plateformes mais surtout les usages qui font les règles, et non des Académiciens, celles-ci sont en constante évolution. Le meilleur conseil que l’on puisse à tout community manager qui fait ses premiers pas sur un réseau social est donc de d’abord prendre le temps, de s’immerger, d’écouter, de décrypter les pratiques, et de bien comprendre les codes avant d’y prendre la parole.


1
« Less is more »

Moins il y a de texte, plus vous serez lu et plus le taux d’engagement sera important. Lorsqu’on scrolle sur les réseaux sociaux, c’est d’abord une image qui attire notre attention et on n’a généralement que quelques secondes à accorder à chaque contenu. Même si Facebook vous permet – techniquement – d’aller jusque 63.206 caractères, une étude Buffer a démontré que les publications de moins de 80 caractères ont 66% de taux d’engagement en plus. Il faut donc chercher à en dire le maximum avec une image qui “parle” le plus et le moins de mots possibles. En tous cas, évitez sauf exception les “Afficher la suite” : seuls 20% des internautes cliquent dessus ! Sur Twitter, c’est pareil : privilégiez les tweets de moins de 140 caractères, même si Twitter vous en autorise aujourd’hui 280. Un modèle reste ce tweet envoyé le soir de la réélection d’Obama, pour annoncer le résultat, longtemps resté l​​e plus RT de tous les temps (700 000 fois).    


2
Structurez votre texte avec des emojis

Saviez-vous que c’est un belge, Marcellin Jobard, qui invente le premier émoticône pour figurer l’ironie, en… 1841 ? Suite de caractères alphanumériques exprimant une émotion, ils sont les ancêtres des emojis, inventés par les japonais cette fois, et intégrés dans un format standardisé dans tous les téléphones aujourd’hui. Sur les réseaux sociaux, ils ne servent pas seulement à exprimer une émotion, mais surtout à structurer un texte et faciliter sa lecture. Ils peuvent aussi aider à catégoriser un contenu, plutôt que ces mots entre crochets, technique vieillissante héritée du print.


3
Parlez images !

Sur les réseaux sociaux, c’est ‘image qui prévaut. C’est elle qui attire d’abord notre oeil. Le célèbre adage « une image vaut mille mots » est encore plus vrai aujourd’hui : l’actualité l’a encore démontré, une seule photo peut encore faire basculer l’opinion publique, lorsque les mots n’ont plus d’effet. Depuis qu’il écrit sur des cavernes jusqu’à la réalité virtuelle, l’Homme a donné du sens au monde par le langage visuel. Et le web lui laisse la part belle.

Le “pic speech”, ou discours par l’image, est devenu le nouveau langage des jeunes, et le moyen d’expression le plus naturel et spontané pour cette génération. Selon Thu Trinh-Bouvier, « le Pic speech leur permet d’investir de nouveaux espaces de liberté d’expression tout en répondant à leur quête d’autonomie et reflétant la construction de leur identité ». Le format qui répond à cette attente est la story, inventée par Snapchat, popularisée par Instagram, et qu’on retrouve aujourd’hui sur quasiment tous les réseaux sociaux. Il s’agit d’une façon plus “digitale native” et créative de s’exprimer, combinant divers types de contenus comme des photos, quelques mots, des emojis, des vidéos, des stickers ou encore des gif animés.


Savoir parler Pic Speech
par Cap’Com


4
Ne publiez pas le même contenu sur vos réseaux sociaux

C’est l’un des intérêts majeurs de formaliser par écrit votre stratégie, avec un Positionnement et Plan éditorial (PPE) : adapter vos contenus en fonction de vos cibles et de la ligne éditoriale de vos différents médias sociaux. Sinon quel serait l’intérêt de vous suivre sur Twitter ou Linkedin si l’on est déjà abonné à votre page Facebook ? Vous entendre en doublon ou triplon ? Il faut donc une “promesse éditoriale” claire. Et surtout, il y a une manière d’écrire propre à chaque canal, des codes spécifiques à chaque réseau social, qu’il faut savoir respecter. Vous l’avez compris : publier le même contenu sur tous vos réseaux sociaux est bien l’erreur de débutant à proscrire. 


5
Appliquez la méthode AIDA

L’acronyme de la méthode AIDA signifie Attention, Intérêt, Désir et Action. Cette technique marketing de référence peut être appliquée avec profit à toutes vos publications sur les réseaux sociaux. Elle permet de se poser les bonnes questions. Ce contenu est-il en capacité d’attirer ou capter l’attention de vos cibles ? Quel intérêt présente-t-il pour elles ? Celui-ci est-il suffisamment important pour les engager ? Pour le désir, on se demandera si l’information véhicule une émotion ou apporte une solution à un problème. Quant au dernier point, il invite à vérifier que la formulation comprend bien un “call to action” (appel à agir). Il est nécessaire d’aller à l’essentiel, pour que l’on comprenne tout de suite ce que vous attendez de la lectrice ou du lecteur : “Inscrivez-vous”, “découvrez”, “venez nombreux”, etc. Cet “appel à agir” est peut-être la lettre la plus importante à retenir de toute la méthode AIDA…


6
Utilisez les hashtags à bon escient

D’un réseau social à l’autre, ils n’a pas le même usage, ni la même valeur. Inventé par Twitter, le hashtag – ou mot-dièse selon l’Académie française -, représenté par le symbole #, sert à indexer des mots-clés ou des sujets. Comme l’index à la fin d’un livre, il renvoie, lorsqu’on clique dessus, à toutes les occurrences employant le même mot ou la même expression #AttachéeEnToutesLettres. C’est une forme d’écriture fondamentale sur de nombreux réseaux sociaux ; à condition de savoir la manier à bon escient. Premier écueil : #mettre #des #hashtags à tous les #mots, ou en mettre à des mots non pertinents, qui perdront les lecteurs. “Vers quoi ce hashtag renvoie-t-il si je clique dessus ?” est la première question à se poser. Si c’est du contenu qui n’est propre qu’à votre institution, ou qui ne renvoie que vers un événement que vous gérez, c’est parfait pour cet usage.

  • Sur Twitter, on se suit d’abord par centres d’intérêt communs ou communautés métier : qui ne connaît pas dans la profession les hashtags #compublique, #compol, #markterr ou #collterr ? Ils permettent d’effectuer une veille redoutable, en temps réel également, et de créer du lien entre collègues, experts ou passionnés d’un sujet ! Autre usage sur Twitter, et non des moindres, car elles en font le réseau social du temps réel : les #TT ou “Tendances Twitter”. De quoi parlent les Français (ou habitants d’une ville ou comptes que vous suivez) en ce moment ? Twitter vous donne les vingt premiers hashtags les plus utilisés à l’instant T – sur mobile dans l’onglet “recherche” et sur desktop dans le 2e rectangle à droite. Comme ces hashtags sont de forts vecteurs d’audience, beaucoup de marques et d’institutions cherchent à se positionner : on parle alors de “real time marketing”. Le plus simple est de se positionner sur les hashtags journaliers : autrefois, il y avait le #JeudiConfession ou #FF, pour “Follow friday », qui consistait, tous les vendredis, à faire découvrir de nouveaux comptes à son audience. En 2021, on trouve les “#LundiMotivation”, “#MardiConseil”, “#JeudiPhoto” ou encore “#VendrediLecture”. Enfin n’utilisez jamais plus de 2, voire 3 hashtags maximum par tweet.
  • Sur Instagram aussi, le hashtag est devenu un élément fondamental. D’abord car l’usage est d’en utiliser beaucoup plus, généralement à la fin du texte, pour décrire tous les éléments d’une photo. Les instagramers ont tellement eu tendance à en abuser qu’Instagram a modifié son algorithme pour favoriser aujourd’hui ceux qui les limitent à 5 maximum. Ensuite, car contrairement à son inventeur, Instagram a multiplié les bonnes idées pour en faire un élément central de la plateforme : à l’instar de l’affichage de la popularité d’un hashtag dans les recherches et surtout de la possibilité de s’abonner à un hashtag.
  • Sur Facebook, son usage n’a jamais décollé et jusqu’ici le réseau social leur accordait peu d’importance. Il a toutefois indiqué vouloir désormais favoriser leur utilisation. Mêmes conseils que pour Twitter : utilisez 1 à 3 hashtags maximum pour catégoriser votre contenu, remplacer les crochets ou faire ressortir un mot. 

7
Adoptez un ton décontracté

Ce n’est pas parce qu’on est une institution, et qu’on diffuse essentiellement des messages sérieux, qu’on est obligé d’être chiant ! Les meilleures d’entre elles l’ont bien compris. Bannissez le ton institutionnel et la langue de bois. Le terme qui revient souvent pour qualifier le ton idéal sur les réseaux sociaux est “user friendly”. Il faut donc l’écrire comme on le dirait à un ami. Relisez bien cette phrase. Elle implique deux choses : “écrire comme on parle” ; ce que notre cerveau fait rarement lorsqu’il a été formaté par d’autres types d’écrits pendant des années. Et “parler amicalement” ; ce qui implique de se mettre au même niveau que vos interlocuteurs, de leur parler avec bienveillance, authenticité, avec des mots simples, sans “surjouer” ni donner l’impression d’être sur un piédestal. Comprenez que les internautes vous lisent dans un contexte de détente ; si vous arrivez avec vos gros sabots institutionnels, en jetant des pavés de texte dans la mare sociale, ou en utilisant des formulations alambiquées à lire sous Doliprane, vous pourrez vous demander longtemps pourquoi votre compte attire et engage si peu de monde. Quoi qu’il en soit, efforcez-vous d’être constants. Déterminez un style, un ton et ancrez-le dans la durée. Votre style doit être un repère pour vos abonnés. Et ce n’est pas simple lorsqu’on représente l’Etat ! Le mieux est de vous entraîner après avoir lu ou écouté les conseils de Maxime Taillebois.


8
Sachez manier l’humour

Un community manager n’est pas obligé d’être un humoriste, par contre il ne devrait jamais se priver de nous faire sourire, voire rire, surtout dans des contextes de morosité comme ceux que nous avons traversés. Cela été bien compris au plus haut niveau de l’Etat, où le gouvernement ne se prive pas ici (cf. illustration) de faire une blague… en rebondissant sur un tweet de l’Armée ! Des petites aux grandes villes, cela se pratique beaucoup, souvent ce n’est pas calculé, comme la ville de Metz qui répond “Environ 117.000 personnes” à un Twittos écrivant “Y a qui sur Metz là” ? Parfois c’est absurde lorsque le STIB (transports belges) répond “Voilà” à quelqu’un qui lui demadne ‘vous ne pourriez pas faire plus flou ? » ; parfois piquant lorsque le CM de la ville de Fleury répond à quelqu’un qui lui demande s’il n’y a pas de salage dans la ville “Nan y a pas de service voirie à la mairie, y a que des agents payés à regarder la neige tomber et à créer des conditions de circulation chaotique pour les habitants de la ville. Et ça nous fait bien marrer. Voilà. (Sinon on est tous sur le pont depuis hier soir)”.

Ainsi, c’est souvent dans la conversation, que ces échanges amènent un peu de fraîcheur. Que l’on ne s’y trompe pas, l’humour est l’un des arts les plus difficiles et ils ont la plupart du temps une fonction très stratégique : rapprocher l’institution du grand public, la rendre plus sympathique, et lui faire gagner de l’audience. Le compte du Ministère des Sports a ainsi été reconnu, sous le mandat Macron, pour cette qualité. Mais également celui de la gendarmerie des Vosges, sur Facebook et Twitter, qui ressemblait un peu, jusqu’à l’été 2021 où le CM a changé, au dictionnaire des blagues de Coluche. Cap’Com a écrit “L’humour des gendarmes sur les réseaux sociaux” pour démontrer à quel point c’est un outil de communication redoutable : « Si l’on veut toucher des gens avec des posts sérieux, on est obligés de passer par des publications décalées. » y déclare ainsi le chef d’escadron ardéchois.


9
Arrêtez de soliloquer, conversez !

Certains passent complètement à côté de l’essence des réseaux sociaux et de la principale fonction du community manager, qui n’est pas de publier des contenus mais de converser. Ils sont dans le soliloque. Imaginez vous dans une salle avec eux : ils vous parlent, vous leur répondez, même gentiment, ils vous ignorent et vous tournent le dos pour continuer à parler d’autre chose. Le minimum syndical est bien de répondre lorsqu’on vous pose une question. Mais l’enjeu est d’aller beaucoup plus loin : il est d’engager une conversation. A la fois d’un point de vue algorithmique, car cela augmentera la portée de vos posts sur Facebook et Twitter, notamment ; mais surtout d’un point de vue stratégique, car cela permet de créer un lien réel avec vos cibles. Pour les engager de manière sincère et non superficielle. Pour cela, il faut s’intéresser à elles, faire preuve d’empathie, mais également disposer de beaucoup de temps car c’est évidemment chronophage.

Quant à la critique, ou la râlerie, elle fait partie de notre ADN de Français attachés à la liberté d’expression. Acceptez la critique et faites face, tant que celle-ci est formulée sans injure ni diffamation. Répondez, argumentez, faites preuve de pédagogie, acceptez aussi d’admettre des erreurs, mais surtout ne « censurez » pas abusivement. La parole doit être libre, encadrée par des règles de modération claires. Certaines attaques vous permettront même d’identifier de véritables « défenseurs » qui auront eu envie de réagir suite à une critique injuste.


10
Maîtrisez les trolls

Le « troll » est la bête noire de nombre de community managers et l’épouvantail qui fait parfois réfléchir à deux fois celles et ceux qui envisagent d’engager leurs collectivités sur les réseaux sociaux. Ses interventions font parfois blêmir les élus ou directeurs de la communication. Il est connu des adeptes des réseaux sociaux et des blogs sous le sobriquet de « troll ». Pour le reconnaître, rien de plus simple : il a toujours des idées lumineuses qu’il appelle « le bon sens » (« Bien oui, franchement, au lieu de dépenser des sommes pharaoniques pour un festival de musique pour bobos, on ferait mieux de donner de l’argent aux chômeurs, non ? ») et dont vous êtes forcément dépourvus. Il est aussi un expert universel, qui pourrait vous en apprendre en culture ‒ éducation ‒ voirie ‒ circulation ‒ hygiène ‒ sport ‒ tourisme ‒ développement économique (ne rayez pas les mentions inutiles, car pour lui il n’y en a pas). Il est également le roi du hors sujet : quel que soit le thème que vous pourrez aborder, il en reviendra toujours à ses marottes (le plus souvent, les impôts et l’incapacité des fonctionnaires et des élus). Souvent, il a une arme infaillible : contrairement à vous il a du temps, et toute sa journée à consacrer à gâcher la vôtre, quand ça lui chante !

Comment gérer ce genre d’énergumène ? Tout d’abord en adoptant un état d’esprit résolument positif, même si c’est souvent difficile. Dites-vous une chose : le troll est votre ami ! Pas (loin de là) par ses actes, mais par les opportunités qu’il vous donne.

Avant tout, gardez en tête qu’il est par sa seule présence la meilleure preuve de votre bonne volonté et de votre ouverture au dialogue. Si cette page tolère les trolls et leur répond, il y a des chances que l’on puisse y débattre également. Ensuite, par des interpellations inattendues et souvent de mauvaise foi, il vous donne des occasions en or de vous adresser à l’ensemble de votre communauté. Des mises au point et des précisions sur le mode « ça va sans dire, mais ça va mieux en le disant », qui s’adressent avant tout aux autres, à tous ceux qui vont lire les échanges. Enfin, plus prosaïquement, le troll attaque, vous réagissez, vous précisez, d’autres interviennent… c’est une aubaine pour votre taux d’engagement ! Lisez ou relisez ces lettres d’amour de CM à leur troll si vous en doutez. 


11
Faîtes-vous plaisir

Il y a des métiers où se faire plaisir en travaillant est essentiel… car cela se voit ! Et le community management en fait partie. Alors ne boudez pas votre plaisir, et prenez, vous aussi, du bon temps avec quelques shots de dopamine.


Téléchargez l’infographie !

Ce texte vous a plu ? Alors n’hésitez pas à le partager !  Merci aux talentueux Benjamin Teitgen, co-auteur, et Arnaud Weber, illustrateur. Et permettez-moi de vous souhaiter une belle et légère année 2022, avec ces mots de Jacques Brel « furieusement » d’actualité :

Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques uns. Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer et d’oublier ce qu’il faut oublier. Je vous souhaite des passions, je vous souhaite des silences. Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil et des rires d’enfants. Je vous souhaite de respecter les différences des autres, parce que le mérite et la valeur de chacun sont souvent à découvrir. Je vous souhaite de résister à l’enlisement, à l’indifférence et aux vertus négatives de notre époque. Je vous souhaite enfin, de ne jamais renoncer à la recherche, à l’aventure, à la vie, à l’amour, car la vie est une magnifique aventure et nul de raisonnable ne doit y renoncer sans livrer une rude bataille. Je vous souhaite surtout d’être vous, fier de l’être et heureux, car le bonheur est notre destin véritable.

A vous la parole !

déclarations qui seront retenues contre vous :

Consultant indépendant | Digital lover | Communication publique et corporate | Auteur, formateur et conférencier | Fondateur de l'Observatoire socialmedia des territoires | Membre-fondateur DébatLab | Ex directeur agence Adverbia et blog-territorial

 

Plus de lecture...

Voir tous les billets